Pôle Emploi : autopsie d’un naufrage – Hervé Chapron et Patrick Lelong

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Hervé Chapron (ancien DG de l’ANPE) et Patrick Lelong (journaliste économique et financier) nous livrent ici un récit détaillé des dessous de la fusion ANPE/ASSEDIC.

Chapitre après chapitre, nous comprenons les étapes de cette fusion, réalisée sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, dans « l’impréparation totale » avec une « absence totale de vision des politiques ».

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✗ Titre du livre : Pôle Emploi, Autopsie d’un naufrage

✗ Auteur : Hervé Chapron et Patrick Lelong

✗ Editeur : Editions de l’Opportun

✗ Date d’édition : 2014

✗ Nombre de pages : 205

 

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Hervé Chapron fut membre de la Direction Générale de l’ANPE lors de sa fusion avec les Assedic. Il a récemment cosigné avec Alain Rousset une tribune « Emploi : et si on essayait enfin les régions ? » publiée le 12 décembre dernier dans « Les Echos ».

Patrick Lelong est journaliste économique et financier à Radio France (France Info, France Inter).


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✪ Type d’ouvrage : enquête

✪ Thématique générale : économie

✪ L’Entreprise : actualités

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Hervé Chapron (ancien DG de l’ANPE) et Patrick Lelong (journaliste économique et financier) nous livrent ici un récit détaillé des dessous de la fusion ANPE/ASSEDIC.

Chapitre après chapitre, nous comprenons les étapes de cette fusion, réalisée sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy dans « l’impréparation totale » avec une « absence totale de vision des politiques ».

Nous revenons nous d’abord à ce qui avait motivé la création du « Pôle Emploi » en décembre 2008. En effet, ils nous rappellent au passage que le Pôle emploi devait être le remède miracle qui permettrait d’éradiquer le virus du chômage en devenant d’ici à 2012 le « premier opérateur européen de placement » ! Guichet unique = référent unique = service personnalisé = meilleur suivi des demandeurs d’emploi = économies d’échelle…

Des promesses du plein emploi, il ne reste rien ou plutôt si, nous évaluons pages après pages les dégâts causés par ce « beau » projet. 

Les auteurs détaillent le pourquoi de ce qu’ils qualifient « d’échec ». Nous découvrons les dessous de cette réforme, le choix de la fusion plutôt que l’absorption ou la création d’un nouvel opérateur.

Nous comprenons les fonctionnements internes de ces deux institutions à travers le chapitre 3. L’une administrative avec ces 30 000 agents et l’autre dont les 10 000 agents sont orientés « résultats ». Le choc des cultures !

Nous comprenons grâce à une foultitude de détails qui nous sont décryptés, les pressions et les tabous qui ont nuit à la mission de cet opérateur public. Est-ce qu’il fallait privilégier le fonctionnement d’un opérateur public pour attirer les entreprises et prendre sa part dans l’économie du travail ?

Tout au long de ces 200 pages, nous réalisons les difficultés auxquelles ont été confrontées les conseillers des deux structures, la façon dont ils ont du faire face à des changements brusques, au choc des cultures, seuls, sans accompagnement.

Cette fusion devait réduire les coûts engendrés par l’ANPE, elle promettait rationalisation et économies et nous constatons, effarés, que la note, de cette fusion trop rapidement pensée, coûteuse et inefficace est pour le moins, salée… trop salée.

Quelques pistes pour un nouvel Pôle Emploi sont proposées dans l’avant dernier chapitre. Hervé Chapron, interviewé récemment dans l’Express, défendait l’idée d’un Pôle Emploi qui doit impérativement d’appuyer sur les régions et devenir le « pivot de la formation professionnelle » et, surtout, « développer ses relations avec les entreprises pour capter les offres d’emploi ». Sa recommandation : que pôle Emploi réfléchisse à son plan  marketing pour que les entreprises pensent avant tout à l’opérateur pour recruter ». 

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« Quant à l’informatique, elle pourra gérer le dossier unique du demandeur d’emploi et là aussi, les coûts deviendront par définition marginaux. »

« Les économies d’échelle sont devenues embauches sans fin, dérives de la masse salariale et coûts immobiliers. »

« Pour l’emploi, on passera d’un effectif de 45 000 à celui de 50 000 salariés en deux ans alors que le but de la fusion était l’opposé. Finalement 1+1= moins 2. »

« Le financement de Pôle Emploi par les partenaires sociaux, c’est le bal des cocus. »

« La rupture, après 50 ans du même système, ne peut être qu’une rupture administrative et surtout pas financière vis à vis des bénéficiaires. »

« La gestion de la liste devenait obsessionnelle (on appelle gestion de la liste, l’opération d’inscription et de radiations qui aboutit dans le cadre des catégories à déterminer le nombre de demandeurs d’emploi). »

« Ainsi deux mondes coexistaient, certes pacifiquement, mais avec des non-dits bien appuyés. L’un géré et l’autre administré. »

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Cette enquête est régulièrement agrémentée de démonstrations chiffrées. Le style est fluide et factuel plus qu’accusateur et pourtant il remet chacun face à ses responsabilités et traite d’un sujet qui fâche…
Manque de préparation, d’objectifs clairs, manque d’accompagnement au changement et souffrance des bénéficiaires comme des salariés des deux entités nouvellement fusionnées… Aie ! Grâce au livre on comprend aussi mieux le malaise du Pôle Emploi.
Et si seulement le double objectif était atteint mais pas du tout. Non seulement la fusion n’a pas permis de dégager des économies de fonctionnement et en plus elle n’aura en rien solutionné le problème du chômage. Sans parler biensûr des conséquences parfois désastreuses sur les êtres humains (que se soit les conseillers(es) ou bénéficiaires en quête de solutions). Pourtant si l’on fait un effort, on se souvient de leurs mises en garde dans les médias à l’annonce de la fusion. Maintenant nous comprenons, ô combien ils avaient raison de s’inquiéter.
En le lisant, on comprend que ce livre n’ait pas reçu un bon accueil… puisqu’il dit tout haut ce que l’on s’évertue à noyer dans la masse d’informations négatives et le marketing de la peur.

Fiasco économique. Fiasco humain.  Les auteurs vont même jusqu’à juger l’assurance chômage condamnée si les politiques n’agissent pas.

Reste à espérer que la réforme pour la formation professionnelle votée en 2014 et en place depuis le 1er/01/2015, aura été mieux préparée et prendra le relais de développement pour l’emploi.

Ce qui me trotte dans la tête depuis que j’ai lu ce livre :  » le chômage n’est-il pas une donnée avec laquelle nous devons vivre pour mieux l’appréhender ?

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Son pouvoir : proposer une analyse « inconvenable mais argumentée » pour éviter de recommencer les mêmes erreurs

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